Parallèlement à mes pérégrinations de formatrice et d’autrice, je suis psychologue clinicienne. J’ai choisi d’exercer dans un milieu très coloré, bourré de nounours, de petites fleurs et de doudous, plein à craquer de spontanéité, de pleurs, mais aussi de cris de joie. Bref, j’ai choisi d’exercer en crèche.
L’un des seuls lieux où vous pouvez vous permettre d’orner votre planning de jolies frises d’animaux comme celle ci-dessous et ce, sans perdre en légitimité auprès des équipes (vous n’imaginez pas à quel point c’est un luxe !) :
Mes métiers de psy et d’autrice sont très complémentaires. Je m’explique : les problématiques psy que je rencontre au quotidien constituent de véritables sources d’inspiration pour l’écriture de mes articles, quelle aubaine pour dénicher de nouveaux sujets ! A l’inverse, tout nouvel écrit me permet de me distancier de ma pratique, d’élargir mes connaissances et ainsi d’affiner mon approche clinique.
Entre tous les articles de recherche que je dévore, les spécialistes que j’interviewe et les colloques auxquels j’assiste, ma culture de la psychologie de l’enfant ne cesse de s’agrandir, pour mon plus grand plaisir !
Pourquoi la vie de psychologue en crèche me plaît autant ?
1ère raison : intervenir au sein des crèches me permet de côtoyer des enfants et des familles de tous les milieux et de tous les styles. Cette pluralité des profils est précieuse. Auparavant, lorsque j’exerçais en cabinet ou en institution, je fréquentais surtout des familles et des enfants en difficulté. J’étais donc fortement soumise à ce qu’on appelle le biais “d’échantillonnage” (autrement dit, l’échantillon de familles que je rencontrais n’était pas représentatif de la population globale, notre perception est biaisée). Par exemple : certains psychologues estiment que les parents qui pratiquent l’éducation positive (que je qualifie de non-violente) frisent le burn-out et que leurs enfants sont tyranniques. vraiment ? Sans doute ces professionnels-là ont-ils rencontré des parents qui pratiquaient l’éducation non-violente et qui étaient en grande difficulté (forcément, il n’y a que les familles en difficulté qui vont chez le psy !). Mais que dire des familles qui pratiquent l’éducation non-violente, qui vont bien et dont les enfants sont épanouis ? Les recherches scientifiques nous indiquent que ces familles-là sont majoritaires. Et justement, ces familles, moi, je les rencontre au quotidien !
2ème raison : les jeunes enfants sont des êtres humains extra-ordinaires.
Au tout début de leur vie, ces enfants sont habités d’une énergie magique, unique. Impossible d’y être indifférent, même le lundi matin grisaillant.
3ème raison : mes missions y sont très variées.
En ces lieux pleins de vie, mon rôle de psychologue se situe à mi-chemin entre la psychologie du développement et la psychologie institutionnelle, en passant par les problématiques parentales, la psychologie interculturelle et la psychopathologie. Mes missions sont multiples : je veille au bon développement et bon accueil des enfants, je reçois les parents en consultation mais surtout, j’accompagne les professionnels dans leur pratique par l’animation de réunions et des temps de présence en section. Mais surtout, je les soutiens quand ils doutent, quand ils stressent, quand ils s’effondrent dans un dortoir à cause d’un trop-plein de stress ou encore quand ils perdent confiance en leur mission. Je suis persuadée que le bien-être des enfants passe avant tout par celui des pros qui les accueillent.
4ème raison : nos pratiques ont un réel impact pour la vie future de l’enfant.
On sait à quel point le cerveau de l’enfant est plastique, malléable durant les premières années de sa vie. L’ensemble des conseils et/ ou des pratiques que l’on peut mettre en place tend à avoir un impact significatif sur son développement.
Dans ce sens, je suis engagée en faveur du dépistage précoce (qui est différent du diagnostic précoce) des éventuels troubles du neurodéveloppement : car plus la prise en charge s’amorce tôt, plus ce petit être aura des chances d’évoluer positivement. Il m’arrive régulièrement de repérer des signes pathologiques, plus ou moins graves, chez les enfants que j’observe. Si vous saviez d’ailleurs à quel point c’est parfois bouleversant d’être aux premières loges de l’émergence de l’handicap d’un enfant.
Si, même après avoir lu ce paragraphe, vous vous demandez encore ce que peut bien faire un psy en crèche, n’hésitez pas à découvrir mon article sur la question “Psychologue en crèche : comment trouver sa place ?” (publié dans la revue le Cercle Psy en novembre 2012) !
Pendant un temps, j’ai répondu aux questions des lecteurs du magazine Parents (Uni-Editions), animant la rubrique “Les experts / Notre psychologue vous répond”. Mon objectif ? Répondre aux familles de manière concrète, sans jugement ni interprétation hâtive.
Pour finir, pendant 10 ans, j’ai été journaliste scientifique pour différents médias (Le Cercle Psy, Parents, Sciences Humaines, ça m’intéresse, etc.). Ces missions m’ont permis de côtoyer de nombreux chercheurs et de me nourrir d’innombrables livres. Cette alliance de l’écriture et de l’investigation scientifique m’a énormément plu ! J’ai par la suite stoppé cette activité pour m’atteler à l’écriture de mes propres livres.
Psychologue et journaliste, quelle belle association ! 🙂 Félicitations pour votre double compétence. Si jamais cela vous intéresse nous avons un blog sur la psychologie sur notre site, dont l’adresse se trouve ci-dessous. Dites nous ce que vous en pensez. A bientôt !
on peut dire c’est de l’art et de la manière…!