L’éducation positive en 10 conseils

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Retrouvez cet article publié dans la revue Le Cercle Psy .

Selon l’éducation positive, l’enfant n’est pas un tyran qu’il faut (re)dresser, mais un petit humain vulnérable en cours de développement. Comment faire ? Suivez le guide !

Bienvenue dans le monde (merveilleux) de l’éducation positive, une parentalité d’un nouveau genre qui s’enracine dans la psychologie humaniste, positive, et les neurosciences affectives. Son objectif est de dépoussiérer les modèles éducatifs autoritaristes de nos ancêtres. N’ayez crainte, l’éducation positive n’a pas pour ambition de faire de vous des parents parfaits, ça n’existe pas (sauf peut-être chez la famille Ingalls de La Petite Maison dans la Prairie). L’idée n’est pas non plus d’assouplir les règles du quotidien, mais de parvenir à les faire respecter par des voies alternatives et non violentes. Qui veut relever le défi ?

1) Identifiez les besoins insatisfaits

« Toute critique, toute agression exprime un besoin non satisfait », dixit Marshall Rosenberg, initiateur de la Communication Non Violente (voir le Cercle Psy n° 22). Identifier les besoins insatisfaits d’un enfant (besoin d’attention, de valorisation…) permet de proposer une réponse plus adaptée et ainsi de limiter la réapparition de comportements indésirables comme les colères, les pleurs, les agressions verbales ou physiques. C’est un peu comme si, face à une casserole de lait bouillant, on pensait à baisser l’intensité du gaz plutôt que de mettre un couvercle !

2) Ne réagissez pas à chaud

En situation de crise, au lieu de répliquer sur le vif et d’entrer dans une escalade conflictuelle, octroyez-vous une pause. S’il ne vous est pas possible de vous isoler, comptez jusqu’à 10 ou adonnez-vous à quelques respirations abdominales. Cette prise de distance (physique et psychique) permet de se déconnecter de ses émotions pour se reconnecter à son raisonnement, et proposer ainsi une réponse plus pédagogue. « Ok, tu vois, je suis moi-même très en colère. Je te propose d’en rester là pour le moment, de faire une petite pause, et de reparler de ce problème quand nous serons tous les deux calmés ».

3) Les punitions, c’est fini !

Si les punitions permettent aux parents, sur le moment, d’asseoir leur domination et ainsi de se soulager, elles n’ont aucune portée pédagogique pour l’enfant. Et pour cause, il existe rarement un lien entre l’acte commis et la nature de la punition. Cette dernière entraîne ce que la parentalité positive nomme les « 4 R » : rancœur, revanche, rébellion et retrait. Plutôt qu’un caractère répressif, la sanction, quant à elle, exerce une fonction réparatrice. Il peut s’agir d’une réparation symbolique (une lettre d’excuse) ou matérielle (nettoyer, réparer un objet cassé). « Tu as traité mamie de vieille chouette ? Ça lui a sans doute fait beaucoup de peine… Il faut que tu ailles t’excuser auprès d’elle ».

4) Encouragez et valorisez

« L’encouragement est à l’enfant ce que l’eau est à la plante », soulignait Rudolf Dreikurs, psychiatre autrichien. Les encouragements et la valorisation sont pour les enfants – comme pour les adultes – un puissant moteur, une sorte de nourriture affective qui permet de développer son estime de soi, la confiance en ses compétences et ainsi de poursuivre ses efforts. « Tu as très bien révisé ton contrôle de maths ce week-end, quelle que soit la note que tu obtiendras, tu peux être fier de toi ! »

5) Faites des câlins préventifs

Les câlins, libérateurs d’ocytocine et puissants anxiolytiques naturels, permettent de diminuer le stress de l’enfant et d’accroître son sentiment de bien-être. N’hésitez pas à lui en proposer un dès que vous le sentez nerveux, agité ou fatigué, après une longue journée d’école par exemple voire, pourquoi pas, au cours d’un conflit qui vous oppose.

Sa réaction pourrait vous surprendre ! « Je sens que cette journée d’école t’a beaucoup fatigué… Et si on prenait le temps tous les deux de se faire un gros câlin histoire de recharger les batteries avant de préparer le dîner et de jeter un œil aux devoirs ? ».

6) Laissez-lui une petite marge de manœuvre

Au lieu d’imposer votre choix à l’enfant (ce qui risque d’entraîner un refus de sa part), il est plus stratégique et porteur de lui donner un choix limité afin qu’il fasse l’expérience du pouvoir et qu’il mobilise son raisonnement. « C’est l’heure de partir à l’école, tu préfères y aller avec tes sandales vertes ou tes chaussures rouges ? C’est toi qui décides ! ».

7) Montrez l’exemple

Les adultes sont les premiers modèles de l’enfant. Veillez à contrôler vous-même votre comportement et à montrer l’exemple : verbalisez vos émotions, ne cédez pas à la colère, ni à la violence physique ou verbale : « Là, tu vois, je suis triste et sans doute un peu découragé parce que tu n’as pas voulu goûter le plat que je t’ai préparé alors que j’espérais tellement te faire plaisir ! ».

8) Soyez empathique

Faites preuve d’empathie en exprimant à l’enfant que vous avez compris ce qu’il ressent, tout en gardant en tête que comprendre une réaction ne signifie pas l’excuser. L’enfant qui se sent écouté parviendra mieux à vous écouter par la suite. « Je sais que tu es très en colère parce que ta sœur t’a piqué ce camion rouge, ton jouet préféré… Pour autant, tu n’as pas le droit de la frapper, tout comme elle n’a pas non plus le droit de te frapper, c’est une règle de savoir-vivre ! ».

9) Accordez-lui un temps quotidien d’attention

Prévoyez, chaque jour, un temps entre 10 et 30 minutes (en fonction de son âge et de ses capacités attentionnelles) au cours duquel vous lui consacrerez toute votre attention, rien qu’à lui, sans répondre au téléphone ni aux sollicitations de ses frères et sœurs. Ce peut être un temps de lecture, de chansons, un moment où l’on se raconte sa journée passée, ses temps forts, ses émotions ressenties, etc.

10) Faites preuve d’humour !

L’humour permet d’apporter de la légèreté au quotidien et aux problématiques traversées. Apprenez à votre enfant à sourire ou à rire de nombreuses situations épineuses : « Je suis le loup-garou qui dévore tous les enfants qui laissent traîner leurs chaussettes sur le canapé ! » ou encore « Tu veux frapper ton frère ? Et si tu le transformais plutôt en un crapaud rigolo avec une peau toute verte et de grandes pa-pattes ? ». Bien entendu, rappelez-lui que certains événements nécessitent d’être traités avec sérieux ! •


>> Pour aller plus loin…

Jane Nelsen (2012). La Discipline positive. En famille, à l’école, comment éduquer avec fermeté et bienveillance. Poche Marabout.
Julie Bazinet (2015). Éduquer les enfants avec la psychologie positive. Editions Jouvence.
Jane Nelsen et Adrian Garsia (2014). La Discipline positive : 52 cartes outils. Éditions du Toucan.
Eline Snel, Calme et attentif comme une grenouille, (2012), Éditions Les Arènes. Ce livre-CD permet d’initier quotidiennement les enfants de 5 à 10 ans à la méditation et à la pleine conscience.

Publié par Héloïse Junier

Qui suis-je ? Une psychologue intrépide et multicasquette : intervenante en crèche, journaliste scientifique, formatrice, conférencière, doctorante, auteur et blogueuse. Ah oui, et maman aussi (ça compte double, non ?). Mes passions ? L'être humain (le petit mais aussi le grand), les rencontres, le fonctionnement de notre cerveau, l'avancée de la recherche mais aussi l'écriture, le partage et la transmission. Parallèlement à ma pratique de psychologue en crèches et à mon aventure de doctorante à l’université, j’anime des formations et des conférences pédagogiques à destination des professionnels de la petite enfance. Mon objectif ? Revisiter les pratiques à la lumière des neurosciences, tordre le cou aux idées reçues transmises de générations en générations, faire le pont entre la recherche scientifique et le terrain.

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