Retrouvez cet article publié dans la revue Infobébés – Infocrèche d’octobre 2012.
Confier votre enfant nécessite une grande confiance et un respect mutuel entre la professionnelle, et vous, la maman. Un rapport à l’équilibre fragile, empreint d’intimité. Que faire quand cet équilibre n’est plus et que la relation bat de l’aile ?
Il est 7h30 ! Vite, le doudou en poche, vous vous élancez avec votre bout’chou dans les rues encore sombres de la ville, en direction de son lieu de garde. Confiante ou mitigée ? Certaines d’entre vous confiez votre enfant avec sérénité. Vous avez confiance en vous, en votre loulou, et surtout en la personne qui l’accueille. Vous percevez cela comme une occasion pour vous de mener à bien votre activité professionnelle, et pour votre enfant de vivre de nouvelles expériences en dehors de son cercle familial. Pour d’autres mamans, l’affaire n’est pas si simple. Et confier son enfant peut se faire à contrecœur. Régulièrement, vous regrettez de partir sur le chemin du travail qui vous fait côtoyer le temps d’une journée, davantage votre patron que votre loulou. Et surtout, vous n’avez pas pleinement confiance en la pro qui accueille votre bout’chou…
Passer le relais : une mission de taille !
En effet, vous craignez que cette professionnelle ne soit pas suffisamment à l’écoute des besoins de votre enfant, et qu’il soit exposé aux pires dangers. « C’est la deuxième fois cette semaine que je récupère ma Lola toute décoiffée, la bouche sale et les habits tachés ! Je commence sérieusement à douter de la bonne volonté des auxiliaires ! » s’inquiète Clémence, maman de Lola et Bastian, 2 et 4 ans. Soucieuse, il vous arrive de formuler à la professionnelle mille et une recommandations lors des transmissions du matin, et de la soumettre à un véritable interrogatoire lors des transmissions du soir : est-ce qu’il a bien mangé ? bien dormi ? bien joué ? De quoi en dérouter plus d’une ! Votre idéal ? Qu’en votre absence, la ou les professionnelles soient aux petits soins avec votre bout’chou. Mais en même temps, vous craignez que votre « remplaçante » n’envahisse son petit cœur à force de le pouponner, à tel point qu’il finisse par la préférer ! Un brin contradictoire, non ? Certaines d’entre vous exprimez cette crainte en éternisant les bisous du matin au moment de la séparation. De même, si lors des retrouvailles du soir votre enfant, plongé dans son jeu, ne vous saute pas au cou dès votre arrivée, vous craignez alors qu’il se sente mieux chez elle qu’à la maison.
La maman c’est vous, la pro c’est elle !
Taratata ! N’oubliez pas que vous demeurez sa maman, son premier et grand amour. Et que ce qui vous lie l’un à l’autre est plus fort que tout ce qu’il peut vivre de bien ou de mal pendant la journée avec d’autres femmes que vous. Vous avez beau être physiquement absente, vous demeurez présente dans sa petite tête. En tant que maman, vous connaissez votre loulou mieux que quiconque, savez ce qui est bon pour lui, et maîtrisez les ficelles de son éducation. La professionnelle, elle, est là pour vous relayer quand vous en exprimez le besoin. Et son rôle est complémentaire du vôtre. D’un côté, elle exprime auprès de votre propre enfant une partie très intime d’elle-même, à savoir son instinct maternel, et se prend naturellement d’affection pour votre enfant. D’un autre côté, elle est professionnelle, et pouponner les enfants est son métier. Dans ce sens, la relation qui vous lie à elle est unique en son genre : vous la rétribuez pour obtenir un service tout en lui confiant la chair de votre chair. La plupart des pros s’efforce de cultiver cette proximité affective avec l’enfant, tout en respectant la légitimité de ses parents. Malheureusement, bien rester à sa place n’est pas chose aisée, ni pour vous la maman, ni pour elle, la pro.
Quand la relation dérape…
Aïe, aïe, aïe ! Vous sentez depuis quelques temps que la relation qui vous lie à votre suppléante, bat de l’aile. Au point que les temps de transmissions se ponctuent de non-dits et de petites phrases assassines : « Elle a l’air encore bien fatiguée votre petite Sophie ce matin… A quelle heure l’avez-vous couchée cette fois ? » vous lance une auxiliaire sur un ton suspicieux. « N’oubliez pas de lui mettre son bonnet quand il jouera dehors, car je ne tiens pas à ce qu’il retombe malade ! » lâchez-vous nerveusement. La raison de ces petits conflits ? L’une comme l’autre vous êtes proches de ce petit être, et l’une comme l’autre pensez lui proposer ce qu’il y a de meilleur. « Quand vous passez neuf heures par jour avec des enfants, il très difficile de ne pas s’y attacher. Nous les voyons parfois plus que leurs parents ! Ainsi, il nous arrive malgré nous de leur formuler des reproches ! » témoigne Sandra, auxiliaire en crèche collective. L’affaire se corse quand il s’agit d’une assistante maternelle qui exerce seule à son domicile. Car l’absence d’une équipe et de locaux neutres rend plus difficile la prise de recul, à tel point qu’une compétition affective peut naître. « C’est à mes côtés que Lina a fait ses premiers pas, et que sa première dent a vu le jour. Elle a même dit Tata avant de dire Maman ou Papa ! Autant dire que je suis très fière » s’enthousiaste Claude, assistante maternelle en garde de deux enfants. Le risque ? Que la professionnelle finisse par trop s’approprier votre enfant, au point d’outrepasser sa fonction, de devenir intrusive et même de critiquer vos choix d’éducation. Mais vous aussi en tant que parent êtes susceptible de franchir la limite de son intimité. « J’ai tout vu : le parent qui me demande de lui faire un café le matin en arrivant, celui qui me confie ses problèmes de couple, celui qui se permet de critiquer l’éducation de mes propres enfants ou encore de juger la déco de mon appartement ! » témoigne Marie-Hélène, assistante maternelle en garde de trois enfants. Cette mésentente entre la professionnelle et vous-même peut s’entretenir au fil des non-dits et s’amplifier avec le temps.
Comment réagir ?
Halte là ! Il est temps d’assainir cette relation et de retrouver une sérénité. Il ne faudrait pas que vous choisissiez un autre lieu d’accueil pour votre loulou et que vous le priviez des personnes auxquelles il est très attaché. Comme dans une relation de couple, il va s’agir d’apprendre ou de réapprendre à communiquer. S’il s’agit d’une assistante maternelle, proposez-lui de faire un point sur l’accueil de votre enfant, soit chez elle, soit à l’extérieur, à une heure où l’enfant ne sera pas présent. N’abordez jamais ce type de discussion sur le bas de la porte au moment des transmissions. S’il s’agit d’une ou de plusieurs auxiliaires, proposez-leur de les rencontrer en présence d’un tiers médiateur, à savoir l’éducateur de la section ou bien la directrice de la structure. Le moment venu, jouez cartes sur table : « Je vais être honnête avec vous, depuis quelques temps je sens un certain malaise entre nous, un malaise qui je, pense, vous affecte autant que moi. Dans l’intérêt de Laurie, j’aurais aimé que nous en parlions ». Et proposez-lui d’étudier ensemble les situations qui vous ont semblé conflictuelles : « Lundi dernier, lorsque je vous ai demandé de réveiller exceptionnellement Margot avant la fin de la sieste, vous avez soupiré, les yeux au ciel… ». Au-delà de cet entretien, il va s’agir de retrouver une confiance du lieu d’accueil. Pour cela, même si l’adaptation n’est plus d’actualité, demandez-lui s’il est possible que vous restiez un peu aux côtés de votre enfant quelques heures, dans la section à la crèche ou dans le salon de l’assistante maternelle, pour vous familiariser à l’atmosphère du lieu, au rythme de sa journée et aux rapports que la ou les professionnelles entretiennent avec votre bout’ chou.
Une bonne entente entre vous et votre suppléante est donc indispensable pour le bien être de votre loulou. Il est temps de montrer le bon exemple ! Favoriser son épanouissement dans son lieu de garde, c’est avant tout lui donner le goût de l’indépendance et l’encourager à mener à bien sa vie de petit homme. Bref, toute une dynamique qui lui permettra d’explorer avec sérénité les chemins de l’école.
Elle était tout pour moi et j’étais tout pour elle !
« Pendant près de trois ans, une même assistante maternelle s’est occupée de ma petite Sonia, 10h30 par jour. Elles étaient très proches l’une de l’autre. Je supportais mal leur complicité, et ne manquais pas de lui faire remarquer. En effet quand elle partit pour l’école, ce fut un véritable déchirement entre Sonia et sa tata ! Heureusement, le papa m’avait raisonnée et dissuadée de changer d’assistante maternelle »
Chantal, maman de Sonia, 4 ans et demi (41).
Et l’enfant dans tout ça ?
L’harmonie éducative et affective entre ses parents et les professionnelles qui l’accueillent va permettre à l’enfant de bien vivre son mode de garde et de s’y rendre le cœur plus léger. A l’inverse, les conflits peuvent l’affecter, au point qu’il refuse de s’y rendre. Car détrompez-vous, un enfant a beau ne pas saisir l’ensemble des échanges d’adultes, il en ressent la pression et l’agressivité.
Crèches collectives : un manque de souplesse et d’individualité
« On observe des conflits spécifiques à la crèche dus au poids de la collectivité. Les parents bénéficient de peu de souplesse et doivent accepter un certain formatage, au point que les parents originaux peuvent être mal appréciés. Peu de place est accordée à l’individualité. Les horaires d’arrivée et de départ de l’enfant sont de plus très précis et impératifs. Enfin, les équipes peuvent s’imposer comme des spécialistes qui savent ce qui est bon pour l’enfant, au détriment du parent »
Laurence Rameau, puéricultrice et directrice de la rédaction du Journal des professionnels de la petite enfance.
Je redoutais les transmissions de l’équipe
« A une époque, Mathieu, mon petit dernier mordait beaucoup les autres enfants de la crèche. Du coup, chaque soir, au moment des transmissions, j’avais le droit à des petites réflexions de plus en plus désagréables de l’équipe. Sûrement les auxiliaires pensaient-elles que je prenais ce problème à la légère, alors qu’au fond de moi j’étais très inquiète… Avec le recul, je me dis que j’aurais dû leur proposer de crever l’abcès et d’en parler à tête reposée ».
Clotilde, maman de Mathieu et Fanny, 1 et 4 ans (13).
C’est bien dit « chacune à sa place » mais quand une maman confie son petit de 2 ans et 3 mois chez une nounou et que la maman dit « mon enfant est propre il ne porte pas de couche ». Alors que la nounou voit la petite faire son pipi dans le pantalon et la maman gênée !!! Adaptation : l’enfant est venu en couche, puis officiellement en accueil comme par hasard il ne faut plus de couche : la maman me demande de mettre le pot dans la salle car elle est propre !!! l’enfant vient sans sa couche le matin et fait pipi dès qu’elle arrive et ne demande jamais le pot et la maman qui interdit les couches, il faut la laisser en culotte toute la journée un pot à disposition. Cette enfant a fait ses besoins dans les salles qui lui sont dédiées, caca sur mon canapé, la couette à la poubelle, sur les moquettes je posais de vieux draps car la maman était assez agressive au niveau de la propreté c’était obsessionnel et le papa qui lui m’a parlé à plusieurs reprises en indiquant que l’enfant n’était pas propre et que sa femme était angoissée.La maman faisait une fixation sur la propreté et moi tous les soirs je lui disais « elle ne demande jamais et fait tout le temps sur elle » et la maman pendant 1/2 heure me rabaisser plus bas que terre en me disant que c’était de ma faute et qu’elle était l’employeur et que je n’avais rien à dire « chacun à sa place ».
J’ai eu une enfant traumatisée. En tant que professionnelle, et avec des documents qui prouvent que la petite n’était pas propre (voir magazine ‘l’assmat n°92 octobre 2010″) je me suis remise quand même en question. Mais où ai-je échoué ? De la j’en ai parlé à des collègues et j’ai appris que cette maman ne gardait pas plus de 3 mois ses nounous car elle était tortionnaire.
Le contrat s’est arrêté dans de mauvaises conditions, j’avais peur de la maman qui était tyrannique avec moi et les voisins l’entendaient tenir des mots pas corrects à mon égard.
Cette maman m’a carrément traumatisé.
Cette article est bien mais il manque beaucoup trop de textes surtout sur la propreté. Il faut aussi que les parent arrêtent de mentir sur leur enfant. Chacun à sa place, et là je ne pense pas que la maman soit restée à sa place, cette maman faisait la loi chez moi. Elle est l’employeur, donc chacun sa place ? plus rien le droit de dire ? c’était l’esclave et son patron. Et pourtant j’ai une bonne notoriété.
Et dans votre texte apparemment l’employeur est chef d’entreprise et doit donner des ordres comme dans toute entreprise.
Et je n’ai jamais pris la place de la maman pour moi c’était le bien être de l’enfant en priorité. Et la petite me faisait souvent de la peine. Au début que j’ai eu cette enfant elle me disait tous les jours « j’ai peur » comment une enfant de cet âge peut dire çà ? Elle venait se blottir dans mes bras. Elle me faisait de la peine.
» « C’est à mes côtés que Lina a fait ses premiers pas, et que sa première dent a vu le jour. Elle a même dit Tata avant de dire Maman ou Papa ! Autant dire que je suis très fière » s’enthousiaste Claude, assistante maternelle en garde de deux enfants. Le risque ? Que la professionnelle finisse par trop s’approprier votre enfant, au point d’outrepasser sa fonction, de devenir intrusive et même de critiquer vos choix d’éducation »
Perso je suis en pleine depression post-partum, j’ai beaucoup de mal à définir où est ma place, j’ai toujours peur que mon fils préfère la nounou à moi, alors si je l’entends tenir ce genre de discours, je crois que je la …. défonce !! (façon de parler…)
Je n’ai aucun plaisir à laisser mon bébé 10h par jour chez une autre dame, seule avec lui, et je serai incapable de supporter une rivalité en plus de la culpabilité que je ressens de devoir le laisser. Mon fils, c’est ma vie. Pas la sienne. Donc non, je ne suis pas d’accord, si j’ai des critiques sur la façon de l’éduquer, si elle cherche à le cajoler plus que moi, si elle me montre qu’elle est présente et pas moi, je ne discute pas et on la quitte ça c’est certain !!