Les enfants « dys »: quel bilan ?

Retrouvez cette brève publiée sur le site du Cercle Psy.

Il y a dix ans ont été créés les premiers Centres Référents spécialisés pour le diagnostic et la prise en charge des troubles des apprentissages chez l’enfant. L’objectif ? Reconnaître et œuvrer en faveur des « enfants dys » : dysphasiques (avec troubles du langage oral), dyspraxiques (troubles de la coordination gestuelle), dyscalculiques (troubles du calcul), dysorthographiques (troubles de l’orthographe)… Un ensemble de diagnostics à la popularité croissante étiquetant un enfant.

Celui-ci est maladroit et écrit mal ? On le dit dyspraxique. Il a des difficultés de calcul ? On le dit dyscalculique. La consonance médicale de ces terminologies déculpabilise et rassure les parents et les enseignants. Et pour cause, en se référant à la neurologie et à la neuropsychologie, ces diagnostics viennent simplifier une problématique complexe et écarter ainsi toute cause d’origine psychique. Et, depuis qu’ils sont reconnus comme handicaps en 2005, leur popularité s’est largement accrue. Dorénavant, poser un tel diagnostic permet à la famille de bénéficier d’aides financières pour assurer la prise en charge de l’enfant en difficulté, sachant que seuls les diagnostics posés par les Centres Référents sont reconnus.

Au terme de dix années d’expérience à la direction de l’un de ces centres, Evelyne Lenoble, pédopsychiatre et psychanalyste, chef de service de l’Unité de Psychopathologie de l’Enfant et de l’Adolescent du Centre Hospitalier Sainte-Anne, propose un état des lieux sur la question. Et le constat est le suivant : le nombre de demandes des familles souhaitant que leur enfant soit diagnostiqué par un Centre Référent ne cesse de s’accroître, au point d’étendre à outrance les délais d’attente. Cette multiplication des « dys » s’est accompagnée d’une multitude de bouleversements affectant le champ de la scolarité, de la santé et du handicap : déclin des Réseaux d’Aides Spécialisées aux Élèves en Difficulté au sein des écoles (RASED), recrudescence des Classes d’Inclusion Scolaire (CLIS), développement des tests psychologiques spécialisés et des techniques de remédiation de ces troubles en « dys », création des MDPH (Maisons Départementales des Personnes Handicapées) où les familles doivent déposer leur dossier si elles souhaitent bénéficier d’aides financières pour leur enfant. Face à cette effervescence, la nécessité de repenser le diagnostic et la prise en charge des « dys » s’impose-t-elle ? A l’heure actuelle, « les étiquettes diagnostiques reflètent beaucoup plus l’orientation théorique et la formation des praticiens (…) que l’enfant lui-même », analyse Evelyne Lenoble. Ainsi serait-il pertinent selon elle de croiser les regards, d’inclure une lecture psychanalytique et ainsi de proposer une évaluation au plus proche des difficultés de l’enfant. Bref, de se diriger vers une « Référence » plurielle.

Source : Lenoble, E. (2012). Apprentissage et référence : quelques réflexions de dix ans d’expérience d’un Centre référent pour trouble d’apprentissage chez l’enfant. Neuropsychiatrie de l’Enfance et de l’Adolescence 60, 190-194.

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