Retrouvez cet article publié dans les magazines Infobébés et Infocrèche.
La plupart du temps, on apprend vite à gérer les petits désordres émotionnels de son enfant. Mais que faire lorsqu’on se sent vraiment dépassé ? Un Psy ? Hou là là, ça fait peur !
Au cours de ses tout premiers printemps, un enfant exprime surtout son malaise par le corps : difficulté à s’endormir, vomissements répétés, propreté non acquise ou brutalement perdue… Heureusement, le développement de son langage lui permettra progressivement de s’exprimer de manière plus explicite, et ce pour le plus grand bonheur de ses parents. Car une chose est certaine : il n’y a rien de plus frustrant que de ne pas comprendre le malaise de son enfant! La solution miracle? Elle n’existe pas. Et les sous-titres de ces manifestations inquiétantes varient d’un enfant à l’autre. Dans certains cas, le recours à un psychologue peut alors s’avérer bénéfique, dans le sens où ce professionnel vous permettra de mieux aborder et comprendre le malaise de votre bout’ chou…
Un psy, c’est quoi?
Eh non, le psy n’est pas cet individu au silence immuable qui vous épie avec insistance derrière des lunettes à double foyer! Son rôle? Vous aider à décrypter les difficultés de votre loulou et répondre à vos interrogations. Ses outils? L’écoute, la parole, un esprit d’analyse et une connaissance approfondie des problématiques psychiques de Bébé et de ses parents. Sachez qu’il est plutôt rare qu’il invite un enfant de moins de cinq ans à dessiner. En revanche, en cas de doute, et avec votre accord, il peut recourir à un « test » pour mieux évaluer son développement. Vous vous demandez si votre loulou a besoin d’un psy ? Le seul fait de vous interroger est déjà positif. Cela montre que vous êtes une maman à l’écoute de ses difficultés. Faites-vous confiance et consultez dès que vous le sentez en souffrance.
C’est parti pour la toute première consultation…
Premier entretien, comment ça se passe ?
Cette première rencontre avec le spécialiste sera pour vous l’occasion de verbaliser les difficultés de votre enfant à une personne extérieure et experte, et pour lui l’occasion de chercher à comprendre son malaise, à interpréter ses difficultés. La durée? Elle varie en fonction de l’âge de l’enfant. Toutefois, elle excède rarement une heure sans quoi votre loustic risquerait fort de s’impatienter! Sa première démarche? Faire le point. Celui-ci va vous poser quelques questions sur le passé et le présent de votre petit bout: habitudes de vie, âge des premiers pas, âge du premier sourire intentionnel, qualité du sommeil, valeur de ses échanges avec ses parents, ses camarades, etc. De fil en aiguille, le psychologue va tenter des liens, émettre des hypothèses et vous soumettre ses quelques interprétations. Certaines d’entre elles vous parleront alors plus que d’autres et vous feront avancer… dans votre propre réflexion. A partir de trois ans, voire trois ans et demi, votre enfant pourra même être reçu seul en consultation.
Mon enfant n’est-il pas trop jeune pour ce type de démarche?
Et justement, dans le sens où le psychologue travaille « en équipe » avec vous et que les difficultés d’un enfant peuvent survenir à tout moment du développement, il n’y a pas d’âge minimum pour consulter. Certaines interrogations peuvent même émerger dès la grossesse! Ainsi, il n’est donc pas nécessaire que votre enfant sache bien parler. En effet, le psychologue ne se focalisera pas sur le langage de l’enfant mais sur sa vie en globalité. Exemple : il cherchera à comprendre ses activités diurnes pour mieux aborder ses difficultés nocturnes, de même il s’intéressera à la relation qu’il entretient avec ses parents pour mieux aborder la séparation difficile, etc. Par ailleurs, ne pensez pas à tort que rencontrer régulièrement un spécialiste risque de « compliquer » encore plus les choses dans sa petite tête. Son objectif numéro un est de dénouer une problématique et de soulager un individu. Quoi qu’il en soit rassurez-vous, le psychologue ne trouvera pas de problèmes là où il n’y en a pas. Ceci est un préjugé de plus! Quant à la longueur de la prise en charge, elle peut être très brève, et durer de quelques séances à plusieurs semaines. Nous sommes donc bien loin des psychanalyses pour adultes. De manière générale, gardez à l’esprit que plus tôt vous consulterez, moins les difficultés de votre bout’ chou se seront inscrites dans le temps, et plus vite celles-ci auront une chance de s’estomper. Eh oui, un mois de vie est loin d’avoir la même valeur pour un bébé de cinq mois, que pour un enfant de cinq ans ou un adulte de cinquante ans!
Va-t-on parler de mon petit… ou de moi ?
Toutefois, plus votre loulou est jeune, plus vous occupez une place majeure dans son épanouissement, et donc plus vous serez impliquée personnellement dans sa prise en charge thérapeutique. Donald Winnicott, un célèbre psychanalyste britannique, ne manquait pas de signifier qu’« un bébé en lui-même n’existe pas. Il y a un bébé et quelqu’un avec lui ». Pendant ses premiers mois, vous constituez en effet l’environnement physique et affectif de votre enfant, ce qui lui permettra de se développer et d’exister plus tard à part entière. En d’autres mots, vous êtes « indissociables ». Ainsi, sûrement le psychologue prêtera-t-il autant attention à votre enfant qu’à vous-même. Mais, ne vous sentez pas jugée! Ce praticien connaît les nombreuses problématiques liées à la maternité et la parentalité. Et personne n’a jamais dit qu’être maman était facile! Cet espace de parole sera donc pour vous l’occasion de vous confier, de verbaliser vos difficultés liées à votre vie de maman et de femme, et même de bénéficier de quelques conseils. Il se peut que le spécialiste vous invite à réfléchir à certaines de vos habitudes ou de vos croyances. Toutefois, il n’entreprendra ce type de réflexion que si vous-même y êtes enclin.
Et le papa dans tout ça ?
Et… qui dit maman, dit bien entendu papa. Il est important que Monsieur soit aussi partie prenante et présent aux consultations, au moins de temps en temps. S’il vous est impossible de vous libérer tous les deux en même temps, n’hésitez pas à alterner. Si le papa n’y est pas favorable, ce n’est pas grave pour autant. Son absence ne représentera pas un frein à la démarche thérapeutique. Il est très fréquent que les mamans consultent seules, sans que leur conjoint le sache. Laissez-lui du temps. Peut-être pourrez-vous l’inclure dans la prise en charge un peu plus tard, quand il se sentira prêt. La présence du papa est donc importante, mais non indispensable.
Qui consulter et à quel prix ?
A présent que nous avons fait le tour de la question, il est temps de passer à l’étape suivante: trouver un psychologue et planifier un rendez-vous. Entre ces deux étapes, un temps d’élaboration personnelle est souvent nécessaire aux mamans. Celui-ci est bénéfique dans le sens où il vous permettra de vous sentir confiante le jour J. A partir de ce point, de nouvelles interrogations d’ordre pratique émergeront: où trouver un bon psychologue ? A quel prix ? Pour une première fois, il est préférable de vous adresser à un service public spécialisé dans la petite enfance, tel un centre de PMI (Protection Maternelle et Infantile). Renseignez-vous auprès de votre mairie. Bien entendu, n’hésitez pas à en parler à votre pédiatre qui demeure en première ligne. Sachez par ailleurs que chaque crèche publique comporte un psychologue référent. Bien que celui-ci ne soit présent qu’à temps partiel et qu’il ne puisse vous recevoir en consultation, il est à même de vous conseiller et vous orienter. Deux possibilités s’offrent alors à vous : consulter un psychologue exerçant au sein même d’une structure publique (auquel cas la consultation sera gratuite) ou bien contacter un psychologue privé que l’on vous aura chaudement recommandé. Le prix de la consultation? Il varie en fonction du praticien, de sa localisation – les prix grimpant dans les grandes villes – et de vos revenus. Comptez entre 45 et 70 euros pour une consultation. Sachez que celle-ci n’est pas remboursée chez la (trop) grande majorité des mutuelles.
Psychologue ou pédopsychiatre ?
La principale distinction entre ces deux praticiens est que le pédopsychiatre peut délivrer des médicaments, alors que le psychologue non. Mais cela ne fait pas une grande différence car les médicaments sont rarement prescrits à des bout’ chou de moins de cinq ans. Le plus important est que vous choisissiez un professionnel expérimenté et compétent, homme ou femme, avec lequel vous vous sentez à l’aise. Ne restez surtout pas sur une expérience négative et n’hésitez pas à changer de praticien si vous en ressentez le besoin.
Comment bien préparer la première consultation?
De votre côté, tentez le mieux possible de cerner les difficultés quotidiennes de votre enfant et commencez à réfléchir aux questions que le psychologue serait susceptible de vous poser. Quant à votre loulou, expliquez-lui simplement que vous allez voir une personne qui vous aidera à mieux comprendre ce qui se passe en lui. Toutefois, sachez que vous seule appréhendez cette consultation. Votre enfant étant dans la spontanéité, il saura s’y adapter sans difficulté, d’autant plus qu’il ne sera pas physiquement manipulé comme chez le pédiatre.
La deuxième fois c’était la bonne!
Lorsque Jérôme avait deux ans, j’ai consulté une psy pour ses difficultés d’endormissement. Mais voilà : le feeling était mal passé, et je ne me suis pas du tout sentie aidée. Mon fils lui ne semblait pas gêné. Une amie m’a alors conseillé de « rebondir » et m’a orientée vers la psy de sa sœur. Un virage à 180 degrés! Non seulement je fus plus à l’aise mais la psy a de plus mis le doigt sur des points importants. Depuis, j’ai repensé l’organisation des rituels du coucher, et ça va nettement mieux…
Amélie – Lommoye (78)
Conseillère: Jacqueline Wendland, docteur en psychologie, psychothérapeute et maître de conférences en psychopathologie du jeune enfant (Boulogne-Billancourt, 92).